Laponie finlandaise : traversée du parc Urho Kekkonen en ski-pulka

Aventure

Après la Grande Traversée du Jura l’an dernier avec Emeline, nous souhaitions aller plus au nord pour réaliser un nouveau raid à ski pulka. Direction au nord du cercle polaire arctique en Finlande pour ce premier raid dans le grand froid avec un membre supplémentaire à notre équipe de choc, Gautier, que nous avions rencontré sur un trek dans les Balkans.

Comment préparer son itinéraire

Notre choix s’est porté sur le parc Urho Kekkonen, car il abrite de nombreuses cabanes en accès libre, ce qui nous rassurait pour un premier trek hivernal dans le grand nord. 

Pour préparer notre itinéraire, rien de plus simple ! Nous avons acheté le guide Apacheta (9,90€) qui est une mine d’information et qui détaille tout ce qu’il y a à savoir sur la Laponie en général, le parc Urho Kekkonen et propose 3 parcours différents : 5 jours, 6 à 8 jours ou 8 à 10 jours.

Nous avons choisi le 2e itinéraire, qui fait environ 100km et l’avons adapté à nos besoins et nos envies. De là, nous avons tracé l’itinéraire GPX et l’avons importé dans nos montres respectives.

  • Équipement : Ski Pulka
  • Kilomètres : Un peu plus de 100 km
  • Dénivelé : 1700 D+
  • Temps estimé : 7 jours

Parc Urho Kekkonen

Il se situe au nord du cercle arctique en Laponie. C’est le 2e plus grand parc de la Finlande (2500km2). Il comporte de nombreux paysages variés, de vastes marais à des monts, d’immenses taïgas (forêts boréales) aux toundras (landes polaires). 

Environ une vingtaine d’espèces de mammifères sont présentes dans le parc. On peut y observer facilement renard, renne, élan ou lièvre. Des lynx, loups ou encore ours brun sont présents dans les parties les plus reculées. Nous avons pu observer des traces de lynx à de nombreuses reprises. Il y a également une grande variété d’oiseaux (130 espèces répertoriées)

L’hiver, la température oscille généralement entre -5 et -30°C et peut parfois descendre jusqu’à -50°C. Si présent, le vent abaisse drastiquement la température ressentie. 

Le parc offre également de nombreuses huttes en bois (tupa en finlandais) en accès libre. Il en existe de deux types : des cabanes de jour et des cabanes de nuit. Celles de jour sont destinées à effectuer une pause en journée, il est interdit d’y dormir. Celles de nuit sont équivalentes à des refuges non gardés. Certaines sont libres d’accès et sans réservation, d’autres payantes avec réservation de sa couchette ou encore louer entièrement. À savoir qu’il est obligatoire de les réserver pour des groupes supérieurs à 5 personnes. Les huttes sont équipées d’un poêle à bois, d’une gazinière et de quelques ustensiles de cuisine. 

À proximité des huttes se trouvent toujours des toilettes sèches, ainsi qu’une réserve de bois importante et des bouteilles de gaz. Ce réseau d’hébergement est entretenu par le parc et cet entretien fait apparemment partie des impôts des finlandais !

Vous trouverez toutes les informations sur le guide Apacheta

Comment se rendre en Finlande ?

Vous avez bien sûr le choix le plus économique et rapide : l’avion, mais ce n’est certainement pas le plus écologique ! 

L’aéroport d’Ivalo se trouve à quelques kilomètres de l’entrée du parc et une navette est disponible pour chaque vol au départ et à l’arrivée, avec des arrêts à Saariselkä et à Kiilopää, en seulement une demi-heure.

La gare la plus proche est celle de Rovaniemi. À partir de là, un service de bus exploité par Eskelisen Lapin Linjat (www.eskelisen.fi) relie Saariselkä et Kiilopää en moins de quatre heures.

Pour cette aventure, nous ne souhaitions pas prendre l’avion. Plusieurs options s’offraient à nous, les transports en commun train/bus ou la voiture. 

Nous avions pas mal étudié le train/bus mais une problématique s’est rapidement révélée, comment transporter les 2 pulkas ? Après avoir contacté quelques compagnies de bus, il semblait difficile de choisir cette option car ils n’acceptent pas vraiment les gros bagages, et au vue des nombreux changements, nous ne voulions pas prendre le risque de se faire rejeter. Nous avons donc opté pour la voiture ! 

Au départ de Lyon, nous avons donc parcouru 3500km et traversé l’Europe pour rejoindre le point de départ du raid à Kiilopää. Nous avons mis 3 jours pour y parvenir, en roulant toute la journée et en s’arrêtant le soir dans des hôtels. À l’aller, nous avons passé une nuit entière à conduire pour ne pas perdre trop de temps et arriver un peu avant à l’hôtel du départ pour pouvoir se reposer !

Raid polaire, quel équipement pour 7 jours dans le grand nord ?

Un trek à ski pulka, ça ne s’improvise pas, surtout en Laponie. Nous avons eu des températures allant de -2°C la journée, à -25°C la nuit, fin mars (du 21 au 28 mars) 

Nous avons loué les skis nordiques à Saariselka dans le magasin Polarcreek, nous en avons eu pour 200€/pers pour 8 jours comprenant les skis nordiques, les chaussures, les bâtons et les peaux de phoques. Il est également possible de les louer à Kiilopää. 

Nous avons emprunté les pulkas à un ami qui avait déjà fait un raid en Laponie l’hiver précédent, mais il est possible de les louer sur place.

Même si l’itinéraire relie de nombreuses cabanes, il est conseillé d’avoir sur soi une tente 4 saisons au cas où (tempête, blessure… on ne sait jamais !). Nous avions la The North Face VE 25 SUMMIT SERIES™ 3 pers qu’un copain nous a prêté pour l’occasion. Vous pouvez louer tout l’équipement grand froid chez Bivouac Location, qui sont vraiment géniaux (j’avais loué tout le matériel pour la GTJ l’an dernier chez eux et j’ai été très satisfaite de leurs prestations).

Pour le sac de couchage, j’avais mon duvet SWING CO 850 confort -9°C de la marque Valandre, et j’avais emmené au cas où un autre duvet confort -10°C pour le doubler si jamais j’avais vraiment froid. Je ne l’ai finalement pas utilisé car nous avons dormi la plupart de la semaine dans les huttes et le SWING CO était juste parfait ! Si vous dormez en tente, je vous conseille de partir sur un modèle grand froid, comme le THOR NEO de Valandre (que vous pouvez également louer chez Bivouac Location). 

Concernant le matelas, nous avions tous les 3 un NeoAir Xtherm de Thermarest. Pour les vêtements, c’est propre à chacun et je vous conseille vivement de tester sur plusieurs sorties hivernales ce qui vous convient le mieux.

Pour ma part, en activité, je portais : un tee-shirt manche longue technique merinos, une polaire, une doudoune légère ou un coupe-vent en fonction de la météo, un legging polaire ou un pantalon de ski de randonnée polaire, une paire de chaussettes grand froid, des sous-gants, des gants coupe-vent légers et je rajoutais si besoin des moufles grand froid et une cagoule. 

Lors des pauses : je rajoutais tout simplement ma doudoune grand froid Simond pour garder la chaleur. 

Pour les sous-vêtements, j’avais emmené 4 culottes et une brassière, un legging, un tee-shirt manche longue et des grosses chaussettes de rechange pour la nuit, et c’est tout !

Enfin, concernant la nourriture, nous nous sommes nourris quasiment exclusivement des lyophilisés Voyager pour le salé (le hachis et le gratin sont les meilleurs!) et nous avions acheté pas mal de gâteaux et fruits secs pour les encas et le petit déjeuner. Si c’était à refaire, je prendrais un peu plus d’autres choses salées que le lyophilisé, car mon transit n’a pas trop apprécié !

Matériel photo/vidéo

Voici la liste du matériel que j’avais avec moi : 

  • Alpha Sony 7III
  • Sony 24-105mm 
  • Tamron 17-28mm F2.8
  • Sony 50mm F1.4 parce que je le kiff mais en soit pas indispensable
  • Filtre ND variable pour la vidéo
  • Insta 360 X3
  • Go Pro Hero 9 Black (qui m’a été complètement inutile car elle se coupait au bout de 5 sec avec le froid…) Go Pro 5 d’Emeline (étonnamment beaucoup plus résistante que le 9…)
  • Trépied (pour les aurores boréales)
  • iPhone 14 Pro
  • Et pour recharger tout ça : 3 batteries externes : CARBO 20000 mAh Nitecore, CARBO 10000 mAh Nitecore et une 28000 mAh

Récit d’une semaine d’aventure

Jour 1

Après avoir passé une bonne nuit de sommeil réparatrice à l’hôtel après les 3,5 jours de voiture, nous prenons une petite heure pour tout répartir et organiser dans les pulkas, en prenant soin de ne rien oublier. 

Nous prenons le départ à 10h30 sous l’arche de la station de ski nordique Kiilopää. Comme nous avons 2 pulkas pour 3, il y a toujours une personne qui est plus libre, pour mener le chemin, taper la discute ou prendre des photos/vidéos ! 

Au bout d’une petite heure, une finlandaise nous indique qu’il y a un “big bird” un peu plus loin. Nous restons attentifs pour repérer un oiseau, mais nous voyons au loin des rennes ! Je suis comme une dingue car je voulais trop en voir. N’ayant pas la pulka, je décide de m’approcher. Ils ne sont pas sauvages du tout, j’en tremble d’émotion. Après avoir pris quelques photos, je redescends pour garder les pulkas et laisser Emeline et Gautier s’en approcher à leur tour.

Nous nous arrêtons ensuite manger dans une cabane de jour. Quelqu’un l’avait déjà chauffé avant, c’est agréable ! Nous croisons un français un peu aigri (étonnant ? 😂). Aujourd’hui est son dernier jour et il nous raconte ne pas avoir trop apprécié sa semaine, car il y a trop de montagnes et trop de sapins, contrairement au Groenland, et qu’il a croisé que des urkrainiens … On l’a trouvé un peu négatif.

Nous repartons le ventre plein en direction de notre bivouac du soir. La neige est lourde et collante à certains moments et c’est difficile de tirer la pulka, qui nous tire vers l’arrière. Nous observons en chemin 5 lagopèdes qui se font très discrets avec leur robe aussi blanche que neige. Emeline arrive bien à les repérer ! Moi je suis plutôt du genre à avoir du mal à les voir même quand on me montre où ils sont .. 😂

Nous nous arrêtons à un petit shelter de jour où nous décidons de planter la tente. Il y a de quoi faire un feu, c’est génial ! Il y a également des toilettes sèches à proximité de chaque cabane, c’est vraiment le top confort. Nous passons cette première soirée au coin du feu, à s’émerveiller sur notre spot de bivouac et à se dire qu’on est bien chanceux d’être ici.

Jour 2

J’ai eu super chaud toute la nuit et j’ai enlevé pas mal de couches, je n’ai pas beaucoup dormi. Gautier quant à lui est impressionnant, il dort profondément en l’espace de quelques secondes, même lorsqu’on continue à parler, je l’envie beaucoup.

Nous nous levons un peu avant 7h et plions bagage une petite heure après. L’ambiance est magique, des gros flocons tombent au ralenti avec une lumière très douce, on se croirait dans un rêve. Nous croisons un groupe de finlandais qui ont dormi à la cabane suivante où nous nous arrêtons pour grignoter un peu. Skier avec une pulka, ça creuse !

À un moment, une descente assez pentue nous fait face. N’ayant pas la pulka à ce moment-là, je décide d’y aller en chasse neige, mais j’ai rapidement pris de la vitesse. Descente maîtrisée, c’est au tour de Gautier (qui a la première pulka). Il décide de me suivre sans trop réfléchir. Il a pris tellement de vitesse à la fin qu’il se vautre à plat ventre sur la neige. Avec la vitesse, la pulka le chevauche et lui passe sur les épaules et la tête😱. On parle quand même de 40kg qu’il a pris en pleine face ! J’ai eu ce moment à la caméra, mais j’étais partagée entre le rire et l’inquiétude. La chute était vraiment impressionnante et j’ai eu peur qu’il se soit fait mal à la tête. Il a l’air d’aller bien et il rigole. La philosophie de Gautier, c’est d’aller bien, coûte que coûte, donc il ne partage pas réellement quand ça ne va pas, mais je sens qu’il s’est quand même fait une petite frayeur… Muli décide raisonnablement de descendre à pied en tenant la pulka. 

Après cet épisode, je me rends compte que j’ai perdu ma caméra 360 (ça y est ça commence, même à l’autre bout du monde, je reste fidèle à moi-même !). Je rebrousse donc chemin à vive allure, sans savoir combien de temps ça allait me prendre. Je suis plutôt confiante pour la retrouver, une objet noir sur une étendure blanche, je ne peux pas le louper ! Je la retrouve tout de même 1,5 km plus loin et repart rapidement pour ne pas laisser Muli et Gautier se refroidir. 

Je reprends la pulka puis nous décidons de mettre les peaux de phoques car une grande montée nous attend. Une fois engagée, elle semble interminable et très physique. Je fatigue beaucoup sur la fin. Nous retrouvons un peu de réseau au col, j’en profite pour envoyer des nouvelles à mes proches. Nous ne tardons pas car il commence à faire très froid avec un vent glacial. 

La suite est une succession de descentes assez marrantes où on a tous pris des belles gamelles. Comme nous tirons les pulkas avec une corde, celle-ci prennent parfois plus de vitesse que nos skis et viennent nous chasser et nous faire tomber. Nous optons pour l’option luge, qui s’avère être assez marrante et très pratique. 

Après 20km, nous apercevons notre cabane du soir. De la fumée s’échappe, c’est bon signe. Nous retrouvons un couple d’anglais très sympas avec qui nous discutons toute la soirée. Ils nous confient que depuis le Brexit, c’est l’enfer, surtout pour voyager. Ils partent donc s’expatrier en Nouvelle-Zélande dans quelques mois!

Après un bon bouillon et un lyophilisé, nous nous mettons tranquillement au lit vers 20h30.

Une souris nous réveille en pleine nuit et casse la croûte dans les chaussures des anglais. Ils n’avaient pas suspendu leur nourriture hier !

Jour 3

Mise à part l’épisode de la souris, j’ai bien dormi ! Au petit matin, un renard curieux s’approche des pulkas. Nous sortons pour l’observer et le prendre en photo, il est magnifique ! Nous apprenons plus tard que c’est un habitué des lieux et qu’il se rapproche souvent des pulkas pour voler de la nourriture. 

Le soleil pointe enfin le bout de son nez après deux jours un peu gris. J’en profite pour faire quelques images au drone lors du départ. Une petite étape nous attend aujourd’hui, avec une après-midi off. Après quelques kilomètres, on capte un peu de réseau. Nous nous empressons de charger la météo. Les prévisions annoncent des températures de plus en plus basses, avec au plus bas -19°C ressenti -25°C. Avec ces températures, je pense que nous dormirons en cabane jusqu’à la fin du séjour. On a ce luxe alors pourquoi s’en priver !

Le parcours est assez plat aujourd’hui, c’est agréable. Je me suis bien refroidie au col et j’ai mis beaucoup de temps à me réchauffer. Le vent s’est levé et nous glace le visage. Je sors alors ma cagoule et les chaufferettes dans mes moufles, ça fait du bien ! Je fais peu d’images sur le trajet, j’avoue avoir un peu la flemme avec le froid. 

Nous arrivons 9 kilomètres plus loin au lac Luirojärvi. C’est tout simplement magnifique. Le lac est immense et complètement gelé. Luirojärvi, c’est le spot le plus connu dans le coin car en plus des différentes cabanes disponibles à la location ou en accès libre, il y a un sauna en libre service, face au lac. C’est donc l’un des endroits les plus fréquentés du parc, nous nous attendions donc à voir du monde, mais nous sommes restés seuls toute la journée et toute la nuit, c’est dingue de pouvoir profiter de cet endroit tout seul ! L’après-midi, nous prenons le temps, en alimentant le feu, en allant chercher de l’eau, en préparant le sauna, en discutant, en prenant des photos… bref, la slow life à l’état pur, le rêve. 

Après le repas, nous profitons du sauna, en alternant entre le sauna, et courir dans la neige en maillot de bain. Nous serions bien allés faire trempette dans le lac mais il était complètement gelé. 

Avant de dormir, je décide d’aller prendre en photo la cabane de nuit. Je place mon trépied, fais mes réglages pour une pose longue, et j’aperçois une aurore boréale. Je cours dans la cabane pour avertir les autres en criant “aurores boréaaaaales”. En 2 temps 3 mouvements, Muli et Gautier étaient dehors. Nous avons quand même pris le temps de nous habiller chaudement car le thermomètre annonce -18°C. Nous restons un peu de temps vers la cabane à les observer et faire des photos, et décidons d’aller sur le lac qui offre une vue à 360°. C’était tout simplement incroyable. On ne savait plus où donner de la tête. Je prends une photo d’un côté, ça s’intensifie de l’autre. C’est magique. Nous restons une petite demi-heure mais le froid nous pousse à rentrer nous coucher. Nous nous endormons des étoiles plein les yeux (ou plutôt des aurores boréales 😉 )

Jour 4

Je me réveille vers 6h15, je regarde par la fenêtre, le ciel semble dégagé. En allant aux toilettes, je vois qu’il fait -16°C, on est bien mieux à l’intérieur !

Nous partons vers 8h30 et dès le début, nous sommes incertains sur la trace à suivre. Est-ce qu’on suit les traces de motoneiges, est-ce qu’on fait nos propres traces ? Nous le savions, après Luirojärvi, ce sera plus sauvage et moins fréquenté. Nous décidons la plupart du temps de suivre le tracé chargé sur nos montres et retrouvons de temps à autres les traces des motoneiges et on ne va pas se mentir, c’est beaucoup plus rapide pour avancer ! Sauf que nous ne savons jamais vraiment où elles mènent et parfois elles s’écartent beaucoup de notre tracé GPX.

Le hors sentier nous aura amené à traverser des paysages très variés et très sauvages, c’est pour moi le plus beau parcours depuis le début ! Même s’il fait -10°C, il y a du soleil et pas de vent, c’est très agréable pour skier. 

Nous voyons énormément de traces d’animaux, mais n’en observons pas beaucoup, à part 2 lagopèdes et des rennes au loin sur un sommet. Nous traversons deux cours d’eau, sur des ponts de neige. J’avais peur que ça ne passe pas avec la pulka, mais nous n’avons pas eu de problème!

Le parcours est long et éprouvant, surtout sur la fin où nous sommes obligés de monter une pente d’environ 100 D+. Ça semble peu, mais avec les pulkas c’est énorme. La neige avait déjà bien travaillé avec le soleil tout au long de la journée et s’affaissait sur notre passage, ce qui a rendu la montée très compliquée. La pulka est lourde et me tire sans cesse vers l’arrière, il faut donc beaucoup batailler pour monter. Mes bâtons s’enfoncent profondément, ce qui me déséquilibre et me fait tomber à de nombreuses reprises. J’essaie tant bien que mal de me relever, mais entre la pulka qui tire vers l’arrière et les bâtons qui s’enfoncent, je perds un peu patience. Déchausser n’est pas une option car dès qu’on enlève les skis, on s’enfonce. Il doit y avoir plus d’1m50 de neige. Je peste beaucoup sur cette section car je peine à avancer. J’ai prévenu les autres, dans ces cas-là, il ne faut pas me parler, et me laisser pester 😂, j’arriverai en haut de cette montée coûte que coûte !

Heureusement, une belle descente en mode luge nous attend derrière. Plus bas, nous retrouvons enfin les traces de motoneige, ce qui est plus simple pour les 3 derniers km. La dernière montée nous a mis KO tous les trois. 

En arrivant à la cabane, je suis gelée et pas très bien, j’ai mis beaucoup d’énergie dans la dernière portion. Je peine à me réchauffer mais Muli, trop gentille, me prépare une bouillotte et un bouillon, ce qui me fait beaucoup de bien.

Le thermomètre annonce -20°C. Heureusement qu’on ne dort pas dans la tente après une journée comme celle-ci, j’avoue que ça aurait été difficile psychologiquement.  

Jour 5

Réveil compliqué ce matin, je serais bien restée dormir un peu, mais une grosse étape nous attend (et je ne m’attendais pas à en faire le double à cause de mon étourderie 😒) 

Nous voyons des traces de lynx au départ, j’aimerais tellement en voir un. Mais vu le bruit qu’on fait avec les pulkas, je pense qu’il nous a déjà repéré depuis longtemps et c’est sûrement lui qui nous observe  👀. 

Nous refaisons une partie du chemin de la veille en sens inverse pour remonter au col. Cette fois-ci, je suis déterminée à le monter rapidement, j’ai une patate d’enfer !

Nous faisons un peu de hors-piste pour rejoindre les traces d’autres randonneurs à raquettes croisées la veille. Une descente bien pentue nous oblige à détacher les pulkas et à les laisser glisser. La mienne prend de la vitesse et vole avant de s’arrêter net contre un tronc. Heureusement, aucune égratignure. 

Après cette petite épreuve de descente, nous rejoignons enfin les traces de raquettes, c’est l’autoroute ! Nous nous posons un coup pour déjeuner et repartons tranquillement.

1h30 après être repartis, je prends le relai de la pulka de Gautier. Environ 40 minutes après, je me rends compte que je n’ai plus mon téléphone dans la poche. C’est la panique à bord !!!! Je rebrousse chemin pendant 40 minutes sans le retrouver. Je suis dégoutée et vraiment agacée. Après quelques minutes de discussion avec Muli et Gautier, nous décidons de laisser une pulka sur le sentier, de rebrousser chemin une 2e fois avec Gautier et de laisser Emeline partir préparer la cabane. Nous skions sur nos traces pendant environ 1h. À certains endroits, je suis sûre d’avoir sorti mon téléphone pour prendre des photos, je n’ai donc pas pu le perdre aussi loin! Nous décidons de repartir dans l’autre sens pour revenir en direction de la pulka. À chaque branche que je vois, je mets un coup de bâton pour vérifier. Je commence à me faire une raison, ça fait quasiment 3h qu’on le cherche … Mais 50m avant d’atteindre la pulka, je balaie une dernière fois une “branche” avec mon bâton. Mais cette fois-ci, c’était bien mon téléphone ! Il était recouvert de neige, sûrement par la pulka. J’avoue être un peu agacée d’avoir fait tout ce chemin (8km au total en plus) pour le retrouver aussi près de la pulka. L’essentiel est que je l’ai retrouvé, on en rigole déjà avec Gautier.

Il nous reste encore un peu moins de 2h de route pour atteindre la cabane. On ski à grande allure pour arriver le plus vite possible, on a hâte d’être au chaud. Nous skions au coucher du soleil, c’est assez magique comme ambiance, de se dire qu’on est seul à des kilomètres carrés !
Nous arrivons un peu après 19h avec grand soulagement, la cabane déjà chauffée, et nos lits déjà préparés. Emeline a trop géré !

Jour 6

J’ai plutôt bien dormi et je profite pour faire quelques photos ce matin car je n’ai pas pu en profiter hier soir. Le coin est génial, il y a une petite rivière toute gelée à côté de la cabane, ça rend super bien avec le drône. Le thermomètre affiche -24°C et on le sent bien ! 

Avant de partir, je décide de tenter l’expérience de lancer de l’eau chaude dans l’air avec une bouteille pour voir si le froid fige l’eau. Résultat, ça fonctionne !

Nous partons et faisons quelques images au drone avant de nous arrêter pour déjeuner dans une cabane. De base, nous avions prévu de dormir ici ce soir mais nous avons encore le temps de doubler l’étape pour atteindre la prochaine et raccourcir l’étape du dernier jour demain (déjà!!).

J’ai un tendon au niveau du pied qui me fait terriblement mal depuis hier. Je sens aussi une énorme fatigue, sûrement le contrecoup des 28km de la veille. Je suis assez lente, à tel point que je ne vois même plus Emeline et Gautier sur certaine portion. Je passe en mode pilote automatique. Un pied devant l’autre. Gautier décide de me relayer et prend la pulka pour me soulager. 

Je reprends un peu d’énergie au bout de quelques kilomètres, et nous atteignons la cabane en fin d’après-midi. Celle-ci est très différente des autres car elle est toute neuve. L’ancienne a malheureusement pris feu, ils ont donc reconstruit une cabane très moderne. C’est dingue d’avoir ces cabanes avec autant de prestations, gratuitement ! Un vrai luxe. 

Depuis quelques jours, nous voyons un binôme de français Alexis et Marine qui passe dans les mêmes cabanes que nous, un jour avant. Nous le savons car ils laissent systématiquement un mot dans les petits carnets des cabanes. Nous les retrouvons par hasard et passons la soirée ensemble à discuter. Ils sont adorables !
Dans la partie dortoir, il y a des longues fenêtres pour observer l’extérieur, c’est génial. Vers 21h30, alors que nous étions tous déjà couchés, une finlandaise vient nous prévenir qu’il y a des aurores boréales “quite nice” dehors. Nous sortons rapidement pour les observer, et elles étaient effectivement super intenses mais de courte durée. Elles dansaient dans le ciel pendant de longues minutes c’était assez unique.

Jour 7

En me réveillant, une belle lumière traverse la fenêtre. Je me dis que je suis très chanceuse d’être ici. J’adore ce système de cabanes mis à disposition et très bien entretenues par le parc.

C’est déjà le dernier jour, je ne réalise pas, c’est passé tellement vite ! Cette semaine hors du temps, coupée de tout m’a fait beaucoup de bien. 

Le temps est différent des autres jours, il ne fait que -12°C, mais il y a plus de vent et l’air ambiant est plus humide. Nous prenons le petit dej en partageant avec les français car il leur reste encore un jour mais ils n’ont plus grand chose à manger. 

Nous partons pour les derniers kilomètres. La tempête s’intensifie. Le vent se lève et fouette notre visage, je dois sortir la cagoule et le masque car mes joues sont gelées ! L’ambiance est magnifique, une lumière douce et quelques flocons, qui contrastent avec le froid et le vent. Nous marchons avec peu de visibilité pendant 1h30 avant que le vent se calme et que le soleil domine à nouveau. 

Nous apercevons des rennes mâles au loin. Nous décidons de laisser les pulkas et de s’en approcher. Ils étaient peureux et n’appréciaient pas vraiment notre venue. Nous décidons de les laisser tranquille et sommes repartis un peu bredouille en direction des pulkas. 

Après une grosse montée, nous rejoignons la cabane où nous avions déjeuné le premier jour. C’est drôle de se retrouver là, 7 jours après. Nous retrouvons les rennes du premier jour quasiment au même endroit ! Des femelles qui se fichent complètement de notre présence, alors j’en profite pour faire quelques photos. 

La dernière ligne droite semble interminable, elle semblait plus courte à l’aller, la fatigue se fait clairement ressentir, et plus on s’approche du but, plus le temps nous semble long ! Mais après une petite heure, nous apercevons le parking et notre cher Duster qui nous a emmenés jusqu’ici !
Au total, nous aurons fait un peu plus de 100km sur 7 jours (115km pour moi à faire des allers-retours pour retrouver mes objets perdus 😂).

Cette aventure a été incroyable du début à la fin. Le temps était avec nous, la cohésion de groupe et la bonne humeur étaient au rendez-vous même dans les moments les plus durs et les paysages que nous avons traversés étaient exceptionnels. Je ne pouvais pas rêver mieux.

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